De retour au pied du Mont Albert pour me reposer un peu avant ma dernière randonnée au cœur des Monts Chic-Chocs, j’ai été informé par des campeurs qu’une conférence autour des caribous était organisée au centre d’accueil de la SEPAQ ce soir là. Après ma rencontre avec le garde forestier l’après-midi, ma soif d’en apprendre davantage sur la nature canadienne n’était toujours pas étanchée, je m’y suis donc rendu rapidement.
Cette conférence fut passionnante, le garde forestier du Mont Albert semblait être animé par la même passion (et la même peur pour l’avenir du caribou sur ces terres) que celui du Mont Jacques Cartier. Il nous a d’ailleurs appris les 2 raisons principales du déclin des caribous sur le territoire québécois méridional, et devinez qui est le seul et unique responsable de ces problèmes ? Vous me dites l’Homme ? Vous êtes trop forts…
1- L’armée américaine
Quoi de plus drôle que de survoler les plaines canadiennes en avion militaire pour faire peur aux animaux en les pourchassant ? En tout cas, au cours du XXème siècle, c’est ce que l’armée américaine a trouvé de mieux à faire pour passer le temps. Or, si vous vous souvenez, nous avons vu ensemble que les caribous, tout comme les orignaux, peuvent courir sur des distances démesurées sans sentir leurs forces les abandonner. C’est ainsi que des millions de cadavres de caribous ont jonché les plaines canadiennes après le passage des forces américaines. Un génocide dont nous n’avons bizarrement jamais entendu parlé…
2- L’arrivée du coyote sur les hauteurs canadiennes
Il n’y a pas que des personnes mal intentionnées parmi nous, mais vouloir jouer avec la chaîne alimentaire, même avec les meilleures intentions, ça demande une précision parfaite et de nombreuses réflexions en amont… Que ce soit en Gaspésie où ailleurs, le loup était par le passé le principal prédateur du caribou. L’Homme, pour contrer cette « menace », a décidé d’en éliminer un nombre très important (histoire de vendre quelques fourrures accessoirement). Mais comme nous le savons, l’équilibre naturel est très fragile et encore une fois nous n’avons fait qu’empirer les choses : En exterminant les loups, les coyotes plus au sud ont vu en ces lieux un nouveau territoire de chasse, car sans leurs cousins les loups, la place était libre. Malheureusement pour les caribous, les coyotes sont plus résistants que les loups et sont donc des prédateurs plus dangereux contre lesquels ils ne peuvent quasiment rien. Comme quoi, même quand on veut bien faire…
C’est pour toutes ces raisons qu’il ne reste que 95 caribous sur toute la moitié sud du Québec. Ah là on a fait fort, y’a pas à dire !
La fin de la conférence signifiait que j’allais enfin pouvoir me coucher. Après une journée aussi riche en émotions, le sommeil se faisait désirer. D’autant que celle qui allait suivre s’annonçait elle aussi mouvementée… Et pour vous, cette longue journée détaillée en 4 articles s’achève. Nous pourrons enfin passer à la suite de ce road-trip dès vendredi prochain ! Plus qu’une journée dans les montagnes avant de regagner la côte pour la dernière moitié du voyage…
*Nom du morceau : Reprise instrumentale de I See Fire, composée par Ed Sheeran.