Dans la lignée de ma matinée au Mont Ernest-Laforce où j’ai été à la rencontre de l’orignal, je comptais profiter de mon après-midi pour voir de mes propres yeux le légendaire caribou à l’état sauvage. Mais pour ça, il faut se rendre au Mont Jacques Cartier. La route que j’ai pris pour y aller fut plus surprenante que prévu…
La pluie continuait de tomber en trombes d’eau sur les sentiers boueux du parc gaspésien. Couplez ça à la mauvaise connaissance de la signalétique québécoise aux abords des routes et vous obtenez une erreur importante que j’ai commis près d’une intersection… Comme je vous l’ai dit dans mon dernier article, le Mont Ernest-Laforce est très difficile d’accès, et le GPS n’indiquait aucune route pour s’y rendre. Le retour s’est donc fait sans carte. Résultat, je me suis engouffré sans le savoir sur une route fermée à la circulation. Je l’ai deviné rapidement quand j’ai été confronté à des débris de roche qui bloquaient la voie partiellement. Evidemment, il m’était impossible de faire demi-tour au vu de l’étroitesse du chemin, à moins de risquer finir en bas de la vallée. Sauf qu’avec une voiture de location et une assurance au raz-des-pâquerettes, on évite ce genre de folies !
Cette route devait être fermée depuis de nombreux mois, et un nouvel élément allait venir confirmer ma théorie : La nature reprenant ses droits, je suis de nouveau tombé sur des orignaux ! Etant en contrebas du Mont Ernest-Laforce, il s’agissait cette fois-ci des mâles ! Me voilà confronté à un sacré dilemme : Poursuivre ma route au risque de me faire charger par les orignaux ou tenter un demi-tour sur une route non-stabilisée ? J’ai décidé de continuer mon chemin en ralentissant pour rester à bonne distance des cervidés. Il faut savoir qu’au Canada, il est interdit de poursuivre les orignaux et les caribous en voiture, car ces derniers ne ressentent pas la fatigue et peuvent courir sur des distances interminables jusqu’à mourir d’épuisement. Je croisais donc les doigts pour ne pas être responsable de la mort d’orignaux (un comble pour un voyageur qui souhaitait à tout prix respecter leur quiétude) et pour qu’ils ne décident pas de charger ma voiture…
Il m’a donc fallu m’armer de patience et de sang-froid pour rouler à bonne distance des orignaux qui me devançaient d’une 20ène de mètres à 30 km/h jusqu’à espérer qu’ils bifurquent dans la forêt. Ce qui s’est produit après une bonne demi-heure de course. Ouf !
Enfin j’arrivais au pied du Mont Jacques Cartier. D’ici, un bus mène les touristes un peu plus haut dans la montagne. C’est pour contrôler les flux touristiques qu’il est impossible de monter de son propre chef (un autre chemin existe cependant, bien plus long, mais j’ignorais son existence à ce moment là). Ce que je ne savais pas, c’est qu’il me fallait payer et l’entrée du parc, et le trajet en bus. Après une petite négociation avec le guichetier, j’ai pu passer pour moitié prix ! J’ai eu la chance de pouvoir prendre le dernier bus qui montait à 12h. Limité par le temps, j’avais pour obligation de redescendre à 17h. Le temps maussade a fort heureusement fait fuir les touristes, et ce jour là, j’étais seul dans ce bus (avec le conducteur bien sûr…).
Une fois sorti du bus, me voilà parti pour une nouvelle randonnée, mais comme cette journée était décidément riche en événements, nous la terminerons dans un prochain article !
*Nom du morceau : Spikeroog, issu de l’OST du jeu vidéo The Witcher 3 : Wild Hunt, composée par Marcin Przybyłowicz, Mikołaj Stroiński et Percival.